mardi 21 février 2012

Suicide au CHRU de Lille : l'enquête que contestent les syndicats

À peine la direction du CHRU de Lille avait-elle rendu publiques les conclusions de son enquête administrative interne après le suicide, à son domicile, d'une aide-soignante travaillant dans le service d'hospitalisation neurochirurgicale, les syndicats avaient fait part de leur scepticisme. L'absence de lien établi, par la direction, entre les conditions de travail de la jeune femme et son suicide laissaient « interrogatifs » pour ne pas dire plus les représentants syndicaux CGT et FO. Le CHSCT (le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) de l'établissement avait demandé à mener sa propre enquête. Elle est en cours et ses résultats devraient être connus fin mars.


Mais, d'ores et déjà, la CGT est montée au créneau pour contester le travail mené par le DRH de l'hôpital et la coordinatrice générale des soins.
« Dans cette enquête, il n'y a rien ! », lâche Frédéric Herrewyn, secrétaire général de la CGT ouvriers et employés, relayé par Jean-François Bourse, du même syndicat, pour qui « l'enquête faite par la direction est loin d'être confortée par les premiers éléments de celle du CHSCT. Nos conclusions seront très différentes ».


L'enquête interne fait état d'« absences injustifiées » de l'aide-soignante qui travaillait, comme stagiaire, depuis le mois d'avril.
« Il n'y a rien dans son dossier administratif à ce sujet », constate Isabelle Leclercq, membre du CHSCT de l'hôpital Salengro qui siège dans la commission d'enquête.

Conditions de travail

« Si c'était le cas, cela serait forcément notifié dans son dossier et elle aurait reçu un courrier recommandé. J'ai demandé le listing de ses absences à la direction des ressources humaines. Elle a eu sept jours d'arrêt maladie et deux pour enfant malade qui sont justifiés comme il se doit », déclare, de son côté, Djamila Mestaoui, du syndicat FO, qui parle de « mensonges dans cette enquête ».
Interrogé sur ce point, Freddy Serveaux, directeur-adjoint du CHRU de Lille, répond « attendre les résultats de l'enquête du CHSCT mais si des éléments ont été mal ou pas pris en compte, cela sera rectifié ». Aux syndicats qui trouvent que l'enquête de la direction a été menée trop rapidement et qu'il aurait fallu plus que quelques jours pour aller au fond des choses, Freddy Serveaux réplique que « plus d'une vingtaine de personnes ont été entendues et le ministère considère cette enquête comme plutôt fiable ». Même si « certains éléments méritent peut-être d'être précisés ».


Côté syndical, on met en cause, depuis le départ et globalement, les conditions de travail et la pression sur les personnels : « La charge de travail a considérablement augmenté », déplore Jean-François Bourse. Il est notamment question des rappels de personnels en repos pour remplacer les absents « au dernier moment ». Selon la CGT, comme FO, l'aide-soignante qui s'est suicidée avait travaillé « trois week-ends d'affilée, tout ou partie, ce qui est illégal ».

Quant à ses difficultés personnelles dont la direction a fait état, là aussi, les opinions divergent. « Elle était un peu sortie de ses problèmes, était positive, avait des projets », assure Isabelle Leclercq qui s'interroge sur la manière dont ont été menés les entretiens à la suite desquels la jeune femme est partie brutalement en annonçant son intention de démissionner. Il y avait notamment été question de la chute d'un patient. C'est après ces entretiens que, rentrée chez elle, elle s'est donné la mort. Pas sûr qu'une enquête, quel que soit celui qui la mène, puisse apporter des réponses infaillibles à cet acte désespéré. http://www.nordeclair.fr/Actualite/2012/02/21/l-enquete-que-contestent-les-syndicats.shtml

1 commentaire:

Swiss Life Mutuelle a dit…

Le gouvernement doit vraiment voir le cas des salariés face à la dépression nerveuse.