vendredi 18 novembre 2011

A 32 ans, cet escroc est à la tête d’une fortune colossale

Yannick Dacheville est, à nouveau, en fuite. Cet homme, par qui l’« affaire Neyret » a été mise au jour, a obtenu sa libération d’une prison de Dubaï dans les Emirats arabes unis le 7 septembre. Il avait pourtant été interpellé le 27 juillet dans ce paradis fiscal pour investisseurs fortunés à la demande des autorités françaises, alors qu’il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour trafic de stupéfiants.
Yannick Dacheville, 32 ans, surnommé le Gros à cause de son visage tout en rondeur, est apparu, au fil des écoutes des policiers de la brigade des stupéfiants de Paris, régulièrement en contact avec plusieurs protagonistes de l’affaire Neyret, et notamment un certain Gilles Bénichou. « En cavale à l’étranger, il appelait souvent ce Gilles Bénichou, confie une source proche de l’affaire. Ce dernier parviendra, par le biais du commissaire Neyret, à lui permettre de prendre connaissance du mandat d’arrêt délivré contre lui, après la saisie en novembre 2010 de 110 kg de cocaïne à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), ainsi qu’une fiche Interpol le concernant. »
En retour, le Gros verse, par l’intermédiaire de son frère Mathieu, 25000 € en liquide pour régler les frais d’un voyage au Maroc auquel participeront Michel Neyret et son épouse.

Il a fui la France après avoir échappé à d'anciens associés mécontents

Désigné comme un ponte du trafic international de cocaïne, ayant fait fortune au départ dans les escoqueries à la TVA ou la taxe carbone, Yannick Dacheville, originaire de Moselle, passe sa vie entre Miami (Etats-Unis), Israël, le Panama et les Emirats arabes unis, où il a investi dans l’immobilier. Ses déplacements sont facilités par ses faux papiers, établis sous le nom d’emprunt de Guillaume Pernot, et par ses importantes ressources financières.
En novembre 2010, les policiers des stups récupèrent 105000 € lui appartenant au domicile d’un de ses amis. Il y a quelques mois, les enquêteurs apprennent qu’il a mandaté un de ses amis pour récupérer 300000 $ auprès d’un joueur de poker français à Las Vegas. L’argent a ensuite été placé dans une banque de Los Angeles où sa mère, Rosaria, et sa compagne, Alexandra, sont ensuite allées chercher le magot. Manque de chance, les deux femmes ont été arrêtées par le FBI avec la valise de billets, qui leur a été confisquée.
« Au départ, ce type a plus un profil d’escroc, relate un enquêteur. Au fil du temps, il s’est diversifié en fournissant des voitures à des vendeurs de drogue pour effectuer des go-fast. » D’impressionnants raids automobiles, à grande vitesse, entre l’Espagne et la France, pour remonter plusieurs centaines de kilos de résine de cannabis. Au printemps 2008, il a été condamné à trois ans de prison avec sursis à Douai (Nord) pour avoir vendu plusieurs Audi A 4, Mercedes SL 500 et 4 x 4 Porsche Cayenne à des trafiquants notoires. Mais Yannick Dacheville n’était pas présent à son procès. Il avait fui la France après avoir échappé à des ex-associés mécontents de ses services… « Ces derniers avaient tiré au fusil à pompe sur la porte de son appartement, se remémore un proche du dossier. Ils l’avaient également très sérieusement malmené avant de le relâcher. »
Au même moment, ses activités de garagiste haut de gamme font l’objet d’une vaste enquête. Au sein de la société Saint-Odile Automobiles (SOA), enregistrée au nom de sa mère, Yannick Dacheville loue et vend beaucoup de voitures de luxe, Ferrari, Maserati et BMW. Selon les investigations, il cède, dans des conditions suspectes, près de 200 véhicules à des acheteurs dont beaucoup figurent sur les fichiers de la police. Mais, contre toute attente — alors que la mère de Dacheville est passée aux aveux —, la procédure est classé par le parquet de Paris.
Richissime autant qu’insaisissable, Yannick Dacheville a donc de nouveau pris le large. Dès sa sortie de prison, il a envoyé un message à son ex-femme pour la rassurer, mais sans préciser où il se trouvait, pour des « raisons de sécurité ». « Mon client m’a contacté afin de démentir tout ce qui se racontait sur lui, précise Me Michel Konitz, son avocat. Il nie toute implication dans cette affaire de trafic de drogue, ainsi que dans ce dossier de corruption impliquant le commissaire Neyret. On le fait plus beau qu’il n’est réellement! »
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