C'était l'une des craintes dans l'affaire de la disparition d'Alexandre Junca qui a suscité une très vive émotion et mobilisation dans la ville de Pau : que les moyens d'enquête faiblissent au fil des mois qui passent. Il n'en fut rien, comme le montre le chantier de démolition de la digue du canal Marsan qui a conduit à la découverte d'ossements humains. « Ce dossier reste prioritaire pour la police judiciaire au plan national », confiait un responsable local de la PJ, mardi, le jour du début des fouilles.
Bien sûr, les moyens ont évolué avec le temps. Les tout premiers jours qui suivent le signalement de la disparition, la thèse de la fugue est officiellement privilégiée. Moins d'une dizaine d'enquêteurs de la Sûreté départementale sont alors mobilisés sur ce dossier. Mais très vite, ce chiffre gonfle : il passe à trente avec l'ouverture d'une information judiciaire pour « enlèvement et séquestration », le 10 juin, et les investigations sont confiées à la direction interrégionale de la police judiciaire de Bordeaux. L'antenne paloise met alors de côté tous ses autres dossiers et ne travaille plus que sur cette affaire avec des renforts venus de Bayonne, Bordeaux et de l'Office central pour la répression des violences faites aux personnes, basé à Paris.
Jusqu'à 70 enquêteurs
Les gros moyens sont déployés : le gave de Pau est inspecté par des plongeurs avec le concours d'un hélicoptère ; les égouts jalonnant le parcours d'Alexandre, qui rentrait chez son père à vélo, le soir de sa disparition, sont passés au peigne fin. En vain. Et surgit l'horreur : une cuisse de l'adolescent est découverte dans le gave de Pau, le 26 juin.
Aussi sec, les moyens sont relevés d'un cran : jusqu'à 70 enquêteurs sont mobilisés sur ce dossier pendant plusieurs semaines. Ils perquisitionnent tous les logements de la rue Galos, où fut retrouvée la bicyclette du collégien, accrochée à un poteau, à une trentaine de mètres de chez son père. Des plongeurs de la gendarmerie d'Hendaye ratissent le gave de PAu à Artix. Fin juillet, le groupement national d'investigation cynophile prend le relais. Mais toujours rien.
Dans le même temps, quatre laboratoires publics et privés à Bordeaux, Marseille, Toulouse et Paris sont saisis par la justice pour mener une multitude d'analyses toxicologiques, médico-légales anatomopathologies, etc., sur le membre retrouvé.
La quinzaine d'experts est réunie à Pau le 19 septembre pour rendre compte de leurs travaux à la juge d'instruction. Mais aucune avancée notable n'intervient. Qui a tué Alexandre ? Quand ? Comment et pourquoi ? Toutes ces questions demeurent ouvertes, malgré le millier d'auditions réalisé depuis le début de cette enquête et les près de 300 perquisitions.
« Pas un rond de chance»
Aujourd'hui, une quinzaine d'enquêteurs, principalement de l'antenne paloise de la PJ, qui travaille toujours quasi exclusivement sur ce dossier, sont mobilisés sur cette affaire. À tout moment, ils peuvent recevoir des renforts, en cas de besoin. « On n'a pas de plafond, même financier », confiait l'un d'entre eux en août. « Mais on n'a pas un rond de chance ; pas une piste. C'est terriblement frustrant », enchaînait-il.
Si les analyses confirment que les ossements retrouvés sous la digue du canal Marsan sont ceux du collégien, alors, enfin, les policiers disposeront de nouveaux éléments. « Ces découvertes peuvent redonner de l'énergie aux enquêteurs, leur fournir un nouveau lieu à exploiter et faire avancer les expertises scientifiques », souffle une source proche de l'affaire.
http://www.sudouest.fr/2011/10/21/l-enquete-n-a-jamais-faibli-532432-4344.php
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