"Cette affaire, c'est un séisme", dit un policier lyonnais. "Un tsunami", renchérit Daniel Chomette, secrétaire départemental de SGP-FO, à Grenoble, un des seuls à ne pas réclamer l'anonymat.
En une dizaine de jours, ce sont les services de police judiciaire des deux villes qui ont été décapités.
Premier à tomber à l'issue de l'enquête menée par la "police des polices": le numéro 2 de la PJ lyonnaise, Michel Neyret, soupçonné notamment d'avoir détourné de la drogue après des saisies pour rémunérer des indicateurs.
Dans son sillage, le patron de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) de la PJ de Lyon, le chef de l'antenne de la PJ de Grenoble et son adjoint ainsi qu'un membre de la brigade des stupéfiants de Lyon, ont été mis en examen et suspendus.
Conséquence: la PJ à Lyon est "complètement déstabilisée", assure un fonctionnaire. "On est très affectés par ce qui se passe", confirme un autre, au lendemain d'une perquisition dans les locaux lyonnais et grenoblois.
"L'ambiance est morose, c'est la démotivation générale, beaucoup de policiers commencent à perdre la foi", témoigne une source policière de la Sécurité publique, qui refuse elle aussi de donner son nom.
Et à croire les fonctionnaires interrogés par l'AFP, ce n'est pas seulement aux stups et dans les autres brigades de la PJ que le moral est en berne. Cette affaire, placée sous les projecteurs, "rejaillit sur toute la profession", dit-on à Lyon, et "touche à l'image de la police nationale dans son ensemble", témoigne Daniel Chomette.
"On ne lutte pas contre des bandits avec des roses"
Pour lui, l'urgence est de redonner "vite confiance" aux policiers, même si, assure-t-on à la PJ, "on continue notre travail de la manière la plus professionnelle".
D'ores et déjà, les nouveaux patrons ont été nommés, mais ils risquent de trouver en face d'eux des équipes déboussolées et pour certaines "dégoûtées par l'hypocrisie de l'administration".
Rémunérer des indicateurs en nature est "une pratique qui a toujours existé et qui existe encore, tout le monde le sait", explique une source lyonnaise, selon laquelle on "ne nous donne pas les moyens de rémunérer convenablement les +tontons+".
Or, "on ne lutte pas contre des bandits avec des roses... Chez nous, explique ce Lyonnais, la grande majorité des indics ne veulent pas être immatriculés dans le fichier officiel parce que les sommes prévues en contrepartie sont dérisoires". Certains "risquent leur vie ou leur intégrité physique en nous donnant des informations. Ils ne le font pas gratuitement".
Par ailleurs, "on demande des résultats très rapides et l'on est bien content même en plus haut lieu que les affaires soient bouclées rapidement. Mais on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre". "Peut-être que la méthodologie va changer, mais les résultats aussi", prévient Daniel Chomette.
http://www.lepoint.fr/societe/affaire-neyret-les-policiers-lyonnais-et-grenoblois-restent-sous-le-choc-08-10-2011-1382241_23.php
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