dimanche 30 octobre 2011

Affaire du Carlton : le ton monte entre Eiffage et son ex-cadre

C'est un feuilleton dans le feuilleton. Dans l'affaire du Carlton de Lille, un véritable bras de fer est en train de se constituer entre Eiffage et son cadre mis en examen pour proxénétisme, David Roquet. D'un côté, Eiffage tente de prendre ses distances avec son employé, accusé d'avoir financer des escapades avec des call-girls. De l'autre, Me Eric Dupont-Moretti, avocat de David Roquet, accuse le groupe de jouer les «vierges effarouchées» et de financer depuis longtemps des soirées officieuses.

«Si Eiffage veut qu'on lui rafraichisse la mémoire...»

Refusant que son client plonge tout seul, Eric Dupont-Moretti a allumé des contre-feux ce dimanche dans le journal du Dimanche et
sur Europe 1. Dans le premier, il assure que son client n'a rien à faire en prison et qu'il est victime d'un «emballement juridique» depuis l'apparition du nom de DSK dans l'affaire. Sur Europe1, il accuse très clairement Eiffage de vouloir faire porter à son ex-employé une responsabilité partagée par l'entreprise. «Au mieux ils ont un très mauvais comptable, au pire ils sont impliqués», a-t-il ironisé. «Si Eiffage veut qu'on lui rafraîchisse la mémoire, David Roquet est tout à fait disposé à le faire», a-t-il précisé par ailleurs, mentionnant des parties fines qui auraient été financées par Eiffage à l'occasion d'une réunion des maires de France.

L'avocat du groupe BTP, qui s'est constitué partie civile dans le dossier, Me Thierry Dalmasso, assure au JDD qu'il y a «un code éthique chez Eiffage» et qu'il n'a «jamais été question de financer ce genre de choses». Le témoignage d'
une des escort girls qui vient de se porter partie civile devrait permettre de faire un peu plus la lumière sur la responsabilité exacte de David Roquet.

Après les affaires et la politique, l'affaire éclabousse la police

Après les mises en examen pour proxénétisme aggravé des responsables du Carlton - René Kojfer, le propriétaire de l'hôtel Hervé Franchois et le directeur Francis Henrion -, puis de dirigeants d'entreprise nordistes - David Roquet, patron d'une filiale d'Eiffage, Fabrice Paskowski, entrepreneur et son ex-compagne Virginie Dufour - ce sont les hauts responsables de la police du Nord qui se sont retrouvés dernièrement au coeur des investigations.
Jean-Christophe Lagarde, chef de la Sûreté départementale du Nord, a été mis en examen pour proxénétisme aggravé en bande organisée et recel d'abus de biens sociaux et suspendu de ses fonctions. Le chef de la police nordiste, Jean-Claude Menault, soupçonné d'avoir participé à un voyage à Washington avec notamment Dominique Strauss-Kahn et plusieurs jeunes femmes a lui fait l'objet d'une mutation à Paris qui, selon son entourage, s'apparente à une sanction. M. Menault fera ensuite valoir ses droits à la retraite.

Vers un dépaysement du dossier?

Dernier tiroir de l'affaire et non des moindres: celui des clients présumés, qui bien que n'étant pas susceptibles d'être poursuivis pénalement à ce titre, alimentent tous les fantasmes, depuis que le nom de Dominique Strauss-Kahn a fait son apparition dans les PV d'audition. Son éventuelle audition par les juges, qu'il a lui-même réclamée pour répondre à ce qu'il qualifie «d'insinuations malveillantes», n'a toujours pas eu lieu.

Après de nombreux rebondissements, cette affaire de proxénétisme va connaître un tournant décisif cette semaine : La Cour de Cassation doit statuer sur la requête en dessaisissement des juges lillois déposée mardi par le parquet général de Douai, pour qui «l'impartialité et la sérénité de la justice sont susceptibles d'être remises en cause» du fait de l'implication présumée d'un avocat lillois et de responsables policiers.Cette demande a aussitôt suscité l'ire d'avocats et de magistrats qui dénoncent un « risque de nuire aux investigations» et une «mise au pas» des magistrats Lillois.
http://www.leparisien.fr/lille-59000/affaire-du-carlton-le-ton-monte-entre-eiffage-et-son-ex-cadre-30-10-2011-1693557.php

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