Marius N., un Roumain âgé de 31 ans, est incarcéré depuis la mi-juin à Sequedin. Il y purge deux ans de prison pour des braquages qu'il n'a probablement pas commis.
Une histoire comme on en rencontre rarement ! Avec l'ADN comme seule base de preuve. Marius N., ouvrier agricole jamais condamné en France ou en Roumanie, a été arrêté chez lui, à Botosani, un petite ville roumaine. Il s'agissait d'un mandat d'arrêt européen car il avait été condamné, en son absence bien sûr, par le tribunal de grande instance de Lille pour six car-jackings commis en 2003.
À chaque fois, coup sur coup, des conducteurs avaient été extraits brutalement de leur voiture et volés dans un rayon de quelques kilomètres. Or, des traces ADN (un peu de sang) attribuées à Marius N. avaient été retrouvées sur le parebrise d'une des voitures. Ces traces étaient déjà répertoriées dans le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) car, à deux reprises, à Lille et Angers, le très présumé Marius N. avait déjà été condamné.
Dans sa cellule à Sequedin, Marius N., qui ne parle pas le français, proteste mais personne ne fait attention. Sauf un codétenu qui parle italien. Or Marius N. baragouine un peu la langue de Dante car l'ouvrier agricole a déjà été recruté pour des récoltes en Italie.
Marius N. raconte sa triste histoire. Son codétenu fait des bonds : « Ne te laisse pas faire, proteste ! T'as pas de sous, c'est rien, je vais écrire à Me Bensoussan, mon avocat, qui va te tirer de là » dit-il en substance. Et Me Bensoussan de raconter : « Quand j'ai vu mon client, j'ai été plutôt étonné. La fiche décrit un jeune Nord-Africain chétif de 1,63 m alors que l'incarcéré de Sequedin est un grand baraqué de 1,90 m qui ne ressemble pas du tout à un Nord-Africain ».
Rebondissement donc en audience publique devant le président Bernard Lemaire quand il s'agit de rejuger l'homme condamné par défaut.
Passeport peut-être volé en Italie
Me Bensoussan a mené sa petite enquête et a remarqué que, dans le dossier, l'homme qui se fait passer probablement pour Marius N. donne à chaque fois une identité complète, nom, prénoms, date de naissance et lieu de naissance. Mais des anomalies subsistent. Ainsi, l'homme donne à chaque fois un prénom différent pour l'identité de la mère. Comme si l'inconnu n'avait pas mémorisé tous les renseignements du passeport, peut-être volé lors de vendanges en Italie, de l'ouvrier agricole.« Je vais demander personnellement une analyse rapide des nouvelles données ADN au laboratoire interrégional de la police scientifique » a déclaré le président Lemaire. Une nouvelle audience est prévue pour fin septembre. Mais, si l'analyse du LIPS arrive avant, il est probable que Marius N. sera libéré plus tôt
http://www.nordeclair.fr/Actualite/Justice/2011/09/01/incarcere-a-la-place-d-un-autre.shtml
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