mardi 2 août 2011

Suicide de la policière de Cagnes: "Pas de faute de la hiérarchie"

Elle avait commencé sa lettre par « marre de cette vie de con ». Une lettre manuscrite que les gendarmes avaient retrouvée bien pliée sur elle, ce matin-là au pied de l’immense Marina Baie des Anges à Villeneuve-Loubet.

Nelly Bardaine, 39 ans, fonctionnaire de police du commissariat de Cagnes-sur-Mer venait de se tirer une balle dans le cœur, avec son arme de service, dans un véhicule de la police nationale.
Il était 8 h 30, lundi 4 juillet.

Dans sa lettre, ce gardien de la paix qui travaillait à Cagnes depuis septembre 2001, évoquait avec minutie les réformes en cours qui compliquent la tâche au quotidien, la défiance faite aux policiers avec la réforme de la garde à vue ainsi que la pression du chiffre.
Puis, en toute fin de lettre, elle remerciait, amèrement, le commissaire pour son affectation à la cellule anti-cambriolage... une affectation qu’elle vivait mal, selon ses proches.

Retour le 8 août

Mais, moins d’un mois après le drame, et à l’issue de l’enquête diligentée par l’IGPN et au vu des résultats de l’audit, mené de concert au commissariat de Cagnes par la DCSP (Direction centrale de la Sûreté publique), il est établi qu’aucun dysfonctionnement du service et qu’aucune faute de la hiérarchie ne peut expliquer le suicide de Nelly.

« Le commissaire va donc continuer ses fonctions à la tête des 140 hommes et femmes de sa circonscription de Cagnes et Saint-Laurent-du-Var», assure une source proche du dossier.
Décision prise de Paris, par Frédéric Péchenard, directeur général de la police nationale, après analyse des deux rapports.

Ce qui a fait bondir le syndicat Unité SGP Police Force Ouvrière, qui a balancé dans la foulée un communiqué. « Unité SGP Police Alpes-Maritimes tient à faire part de sa stupeur quant à la décision prise par l’administration concernant la réintégration du chef de service de Cagnes-sur-Mer », qui « reprendra ses fonctions le 8 août », affirme le syndicat.

Une source haut placée et proche du dossier, tient à préciser : « Il ne s’agit pas d’une réintégration, attention ! Car cela laisserait à penser que le commissaire aurait pu être démis momentanément de ses fonctions. Et cela n’a jamais été le cas. Il était en vacances, et ces vacances étaient prévues depuis longtemps ».

L’Unité SGP Police poursuit : « Alors que l’image de Nelly est encore bien présente dans les esprits et dans les cœurs, nous jugeons cette décision irrespectueuse et indécente ».

« Une enquête et un audit ont été menés, ils ont conclu à l’absence de responsabilité de la hiérarchie. Cela n’a rien d’indécent que la vérité soit rétablie, et ce malgré la peine que l’on peut ressentir face à l’acte incompréhensible commis par Nelly », réagit encore la source policière proche du dossier.

Une lettre au préfet

Il y a quelques jours, et avant, même les résultats de l’enquête de la police des polices, le délégué régional de SGP police, William Ajuleos, avait déjà adressé une lettre... au préfet des Alpes-Maritimes.
« Certains éléments nous laissent penser que le chef de service de la CSP de Cagnes-sur-Mer reprendrait ses fonctions le 8 août. Si tel était le cas, sachez, monsieur le préfet,que notre organisation jouerait son rôle plein et entier. Nous n’hésiterons pas dans l’éventualité de cette reprise irresponsable et indécente, de lancer des actions dans cette circonscription et l’ensemble du département.»

Dimanche soir, la sous-préfète de Grasse Dominique-Claire Mallemanche a expliqué « que les services de la préfecture n’avaient pas encore reçu le dit courrier, et que le préfet attendra d’en prendre connaissance pour s’exprimer s’il le faut ».

Au commissariat, l’annonce du retour du « chef » a fait le tour des étages.

Certains grognent.... mais préfèrent laisser les syndicats s’exprimer. D’autres semblent soulagés.

Sous couvert de l’anonymat, un gardien de la paix affirme : « Je suis heureux qu’il revienne. Avant, au commissariat, c’était le bordel, il n’y a pas d’autres mots ! Alors c’est sûr, il a remis de l’ordre. Tous les fainéants, ils sont bien dégoûtés et ça ne les arrange pas ce retour. »

Un autre lance : « Vous savez, il va y avoir des explications dans les couloirs du commissariat. Il y en a qui n’ont pas été corrects du tout. Depuis que je suis à Cagnes, c’est le meilleur chef que j’ai eu. »
Le syndicat Alliance, auquel appartenait Nelly n’a pas encore réagi.

http://www.nicematin.com/article/faits-divers/suicide-de-la-policiere-de-cagnes-pas-de-faute-de-la-hierarchie

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