jeudi 18 février 2016

Le tueur ne donne aucune raison à son geste

Yves Delpérié, procureur de la République, accompagné du colonel Le Meur, a livré, hier soir, les premiers éléments de l'enquête qui débute : «La victime effectuait des prélèvements sur l'exploitation dans le cadre d'une mission contractuelle d'assistance. Lorsqu'elle a terminé son travail, qui semble s'être déroulé sans aucun contentieux, Xavier Espinasse l'a attrapée à bras-le-corps, l'a traînée jusqu'à la mare et l'a tuée».
Les expertises effectuées après la levée de corps semblent démontrer que la victime est morte noyée. Cependant, l'autopsie à laquelle il sera procédé aujourd'hui à l'Institut médico-légal de Montpellier devra le prouver. Selon Yves Delpérié, aucune ecchymose ayant pu entraîner la mort n'a été constatée sur le corps de la victime, ni aucun élément de nature sexuelle.

Très calme

Placé en garde à vue, Xavier Espinasse n'a donné aucune raison à son geste. «Nous savons seulement qu'il n'a pas d'antécédent judiciaire et il est trop tôt pour dire s'il souffre de problèmes psychiatriques», souligne le procureur. Une expertise sera réalisée aujourd'hui.
Selon les premiers éléments de l'enquête, l'exploitation ne semble pas être en proie à des difficultés particulières. Elle est exploitée par le frère du mis en examen, Bertrand Espinasse, chez qui il vit et à qui il donne parfois la main, sans aucun statut particulier. Les investigations devront déterminer où se trouvait Bertrand, entendu hier en tant que témoin, au moment des faits. C'est en tout cas ce dernier qui, avec un voisin, témoin de ce qui s'est passé après les faits, a appelé les secours qui sont arrivés peu après 8 heures.
Le carnet ainsi que les prélèvements effectués par la victime ont été retrouvés sur les lieux, où cette dernière était intervenue à plusieurs reprises. Quant à Xavier Espinasse, il a répondu aux questions et est resté très calme lors de sa garde à vue. «Mais cela ne veut pas dire grand-chose», explique Yves Delpérié.
 

vendredi 5 février 2016

Elle avait dénoncé Abaaoud : les glaçantes révélations de Sonia

Deux jours après les attentats du 13 novembre à Paris, «Sonia» a dénoncé à la police Abdelhamid Abaaoud, un des terroristes, permettant sa «neutralisation» à Saint-Denis. Cachée et sous protection policière, elle dévoile les propos d'Abaaoud.
Nous sommes le 15 novembre, deux jours après les pires attentats jamais commis en France, qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis. C'est ce jour-là que Sonia a rencontré presque par hasard Abdelhamid Abaaoud, l'un des organisateurs de ces tueries revendiquées par Daech. Il est alors l'homme alors le plus recherché du pays.
«Je suis une amie de Hasna AïtBoulahcen, la cousine d'Abdelhamid Abaaoud, et le 15 novembre nous étions ensemble lorsqu'elle a reçu un coup de fil, a relaté, hier, sur RMC et BFM, la jeune femme sous couvert d'anonymat. C'était un numéro belge. La personne a demandé de trouver une voiture pour aller chercher quelqu'un qui a besoin d'un hébergement».
Hasna a souhaité que Sonia l'accompagne sans lui dire qu'il s'agissait d'aller récupérer son cousin : «Nous nous sommes alors rendues au 2, rue des Bergeries à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis)», une zone industrielle en contrebas de l'autoroute A86.
«Quand nous sommes arrivées, la personne était toujours en ligne avec Hasna». Celle-ci lui fournit alors un code et Hasna lance à haute voix : «1010». Un homme fait aussitôt irruption de derrière un buisson. C'est Abdelhamid Abaaoud. Il monte à l'arrière du véhicule qui prend immédiatement la route de Saint-Denis où Hasna lui a trouvé une planque, cet appartement où il trouvera la mort avec elle et Akrouh, l'un de ses complices, lors de l'assaut du Raid trois jours plus tard.

«Je me sens abandonnée de l'état»

Si Sonia ne regrette en rien «d'avoir livré Abaaoud et d'avoir ainsi évité un nouveau carnage», elle déplore le peu de soutien que lui apporte aujourd'hui l'état.
«On ne peut même pas dire que ma vie n'est plus du tout la même, je n'ai plus de vie» déplore-t-elle. «Je n'ai plus de vie sociale, je n'ai plus de travail, je n'ai plus d'amis, je n'ai plus de famille. Je vis dans la plus grande précarité. On m'a coupée du reste du monde et je vis dans la peur d'être tuée.»
La jeune femme, qui se trouve désormais en permanence sous surveillance policière, aspire à «retrouver sa sérénité, sa tranquillité, un travail, un psy, comme ils l'ont dit», alors qu'elle n'a «rien» obtenu de l'État.
«On se sent menacé, on se sent abandonné», se désole-t-elle, tout en reconnaissant qu'«il vaut mieux vivre comme ça qu'avec la mort de personnes innocentes sur la conscience».
Depuis qu'elle s'est confiée, elle a reçu une première aide financière, a cependant indiqué la journaliste qui l'a rencontrée.
Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, a pour sa part indiqué : «Nous faisons ce qu'il faut dans un contexte extrêmement compliqué. La meilleure manière d'agir est de se taire», a-t-il commenté, regrettant le traitement médiatique de l'affaire qui «fait prendre un risque» à cette femme.

http://www.ladepeche.fr/article/2016/02/05/2270736-elle-avait-denonce-abaaoud-les-glacantes-revelations-de-sonia.html